LiDAR ou photogrammétrie par drone
LiDAR ou photogrammétrie par drone
pour un levé topographique, le “meilleur” choix n’est pas une bataille de capteurs, c’est une question de surface visible, de végétation, de tolérance altimétrique et de reprises (le vrai poste de coût).
Définitions utiles :
MNT = Modèle Numérique de Terrain (sol “nu”, bare-earth).
MNS = Modèle Numérique de Surface (sol + objets : végétation, bâtiments).
Ortho = orthophoto (imagerie orthorectifiée).
GCP = points de contrôle au sol (calage/contrôle).
RTK/PPK = géoréférencement GNSS de précision (en temps réel / post-traité).
Réponse rapide
- Choisissez le LiDAR drone si vous devez produire un MNT fiable sous végétation, en terrain complexe ou avec des zones pauvres en texture (ombres, surfaces uniformes).
- Choisissez la photogrammétrie drone si votre zone est ouverte et “visible”, et que vous voulez une orthophoto très qualitative + un modèle 3D texturé à coût optimisé.
- Choisissez l’approche hybride (souvent la meilleure en 2025) si vous voulez la géométrie du LiDAR + le contexte visuel de la photo (inspection, ouvrages, jumeau numérique).
Comprendre les deux technologies
Photogrammétrie (image-based)
Le drone capture des photos avec fort recouvrement. Un logiciel reconstruit la scène en 3D par corrélation et triangulation. Résultat : orthophoto, nuage de points colorisé, maillage 3D (mesh) très “visuel”.
LiDAR (laser scanning)
Le capteur LiDAR émet des impulsions laser et mesure des distances. Il produit un nuage de points (souvent multi-retours) permettant de mieux passer entre les trous de végétation et d’extraire plus facilement un MNT (sol nu) via classification.
Comparatif opérationnel pour levés topographiques
| Critère | Avantage le plus fréquent | Pourquoi ça change la vie (ou la ruine) |
|---|---|---|
| Végétation (herbes hautes, broussailles, sous-bois, canopée) | LiDAR | La photo “voit” surtout ce qui est visible. Le LiDAR peut récupérer des points au sol via les ouvertures de végétation et facilite un MNT exploitable. |
| Ortho très qualitative (couleur, lecture chantier, communication) | Photogrammétrie | La photo est naturellement “RGB”. Pour une ortho lisible et une preuve visuelle, la photogrammétrie est souvent imbattable. |
| Terrains homogènes / faibles textures (champs, neige/sable, surfaces uniformes) | LiDAR (souvent) / Photo avec précautions | La photogrammétrie a besoin de “points caractéristiques”. En texture faible, il faut sur-recouvrement et stratégie de vol adaptée, sinon le recalage se dégrade. |
| Productivité acquisition | LiDAR (souvent) | Le LiDAR demande généralement moins de recouvrement entre lignes que la photogrammétrie. Moins de lignes = moins de batteries = moins de temps terrain (selon densité/objectif). |
| Temps & complexité de traitement | Ça dépend | Photo : reconstruction + densification (datasets lourds). LiDAR : calibration/alignement + classification (expertise). Le “plus rapide” dépend de votre pipeline et de votre niveau d’industrialisation. |
| Contrôle qualité / conformité | Égalité (si protocole sérieux) | Dans les deux cas : RTK/PPK et/ou GCP + checkpoints indépendants. Un projet “passe” parce qu’il est contrôlé, pas parce qu’il est annoncé. |
Quand choisir le LiDAR drone (cas typiques topo)
- MNT sous végétation : talus, fossés, chemins en sous-bois, emprises boisées.
- Terrain accidenté : ruptures de pente, zones d’ombre, reliefs “casse-gueule” pour la corrélation photo.
- Corridors : linéaires (routes, digues, rivières) où la continuité altimétrique prime et où la végétation peut masquer le sol.
- Objectif “DTM first” : vous vendez du terrain (nivellement, cubatures sol nu, profil en long), pas une image.
Quand choisir la photogrammétrie drone
- Chantiers ouverts : terrassements, carrières, stocks, plateformes, bâtiments sans masque végétal.
- Besoin d’orthophoto haute valeur : suivi chantier, communication, analyse visuelle, repérage.
- Modèles 3D “réalistes” : façades, patrimoine, inspection visuelle (texture/couleur).
- Budget optimisé : matériel souvent moins coûteux, chaîne de production plus accessible.
Le combo gagnant (hybride) : LiDAR + photogrammétrie
Stratégie très rentable : LiDAR pour le MNT + photos pour l’orthophoto et le contexte. On obtient un terrain fiable + une couche visuelle exploitable pour le chantier, l’inspection et la décision.
Checklist décision (avant de signer)
- Livrables attendus : MNT (sol nu) ? MNS ? ortho ? courbes de niveau ? cubatures ?
- Contexte : densité végétale, saison (leaf-off/leaf-on), ombres, surfaces uniformes.
- Géoréférencement : RTK/PPK disponible ? nombre/implantation des GCP ?
- Plan de vol : recouvrement réaliste, terrain following, lignes supplémentaires si risque de masque.
- Contrôle qualité : checkpoints indépendants, rapport d’exactitude selon standard (ex : ASPRS).
- ROI : combien coûte une reprise terrain + retraitement + délai client ? (souvent plus que “LiDAR vs photo”).
FAQ
Le LiDAR voit “à travers” les arbres ?
Non : il ne traverse pas les feuilles comme un rayon X. Il peut en revanche récupérer des points au sol via les ouvertures dans la végétation, ce qui améliore fortement la capacité à produire un MNT.
La photogrammétrie est-elle assez précise pour de la topo ?
Oui, en zone ouverte et avec un protocole sérieux (recouvrement, RTK/PPK et/ou GCP, contrôle). Elle est surtout limitée par les occlusions (végétation) et les conditions qui dégradent la corrélation (textures faibles, ombres, reflets).
Quel recouvrement prévoir ?
En photogrammétrie, on est souvent sur du “haut recouvrement” (par exemple ≥70%/70%, et plus si conditions difficiles). En LiDAR, on peut travailler avec moins de recouvrement latéral (souvent autour de ~30% en pratique), mais on augmente si terrain/végétation compliqués pour éviter les trous et améliorer la densité au sol.
Conclusion
Topographie sous végétation ou terrain difficile : le LiDAR est généralement l’option la plus “anti-surprise”.
Topographie en terrain ouvert + ortho premium : la photogrammétrie fait souvent le meilleur ratio qualité/prix.
Projet mixte (le plus fréquent) : hybride, et vous évitez la fameuse réunion “pourquoi il manque le sol sous les arbres ?”.
